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Boxeur Claude
6 juin 2012

Ebauche d'esthétique

Ebauche grossière d'esthétique, évidemment à développer : faire parler les choses pour les changer en oeuvres. En dégager les émotions.

La difficulté : les choses portent-elles des émotions ? Une pierre est une pierre, tout entière pleine d'elle-même. Elle n'exprime rien, elle est. Un fard est imposé à la chose, elle est grimée pour être émouvante, maquillée pour être oeuvre. L'oeuvre est un maquillage de la chose ? Un démaquillage. Un travail pour déblayer la chose de son utilité, de sa banalité utile. Un geste pour revenir à la chose, la dépouiller de son indifférence.
Transfigurer les choses, les transformer pour les rendre esthétiques. Transposées, elles se révèlent. Le travail esthétique révèle une dimension cachée des choses. La dimension secrète n'a rien d'une essence, ni d'un en-soi. L'échec est certain : aborder l'en-soi par la sensation toujours pour-soi.
Le travail esthétique est à la recherche du singulier.
Dessiner une église par exemple aura pour but de présenter non l'église en soi, mais telle église. Telle église dans sa singularité. L'église concrète fait apparaître tout ce dont l'église est porteuse : le sacré, l'ancienneté, etc. Le défaut, la ruine, le manquement à l'idéal, caractérise le concret. Le défaut est accentué, indiqué dans le dessin. Double éloignement : éloigné de l'idéal (l'église en soi), éloigné de l'église du monde (le dessin ne reproduit pas comme une photo). Le décalage est assumé entre le réel et le tracé.
La littérature aura pour but de mettre en récit la situation dans son irréductible singularité. Dans le fond : décrire le différencié, l'individu, le personnage dans les tréfonds de son âme. Dans la forme : par l'invention verbale, dans la syntaxe, dans le syntagme s'il faut. La littérature ne décrit pas les choses du monde, mais les choses telles qu'elles sont perçues par une conscience qui les reçoit, informe, déforme, crée. La singularité est la déformation du monde extérieur. Une note en bas de page de Lucien Leuwen sur l'objet de la littérature : "l'effet des choses extérieures sur l'intérieur". Le décalage est assumé entre l'extérieur et ses effets sur l'intérieur.
Elaborons le décalage, patiemment, dans le visage, dans le corps, dans la fleur, dans la chose pour la faire oeuvre.
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Boxeur Claude
  • Une invite à monter sur le ring, à enfiler les gants pour rejoindre le combat si c'est le bon moment, ou baisser la garde et adresser de caressants propos. Pas le noble art, mais des gribouillis, gris-bouillies.
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